Parler de règles, ce n’est pas toujours évident. Mais pourquoi est-ce qu’au XXIe c’est toujours aussi difficile et tabou ? Cela peut s’expliquer par la représentation des règles dans la société et la manière de communiquer dessus.
Les faits :
Dans les faits, et depuis la nuit des temps, le sang menstruel représente à la fois l’impureté et la souillure.
Par exemple, dans le judaïsme, la niddah est la femme qui est mise à l’écart pendant ses règles et qui a pour interdiction toutes pratiques sexuelles. On peut retrouver aussi cette mise à l’écart dans les traditions hindoues, et malheureusement, un peu partout dans le monde. En bref, les femmes réglées étaient (et le sont encore) considérées comme étant impures, dangereuses, leur sang responsable de maladies et de malédictions, de faire pourrir la nourriture,..
Cela peut venir du fait que le sang puisse être parfois noir, différent du rouge que les personnes connaissaient déjà. Ces faits se sont entourés de légendes jusqu’à ce que la science vienne mettre son nez dedans. Mais, bien qu’il y ait dorénavant les explications de la science, le combat n’est pas encore fini puisque les règles restent victimes de leur mauvaise image et de préjugés dans beaucoup d’esprits.
La représentation dans le cinéma :
Et du coup, quelle est la représentation des règles dans le cinéma ? Eh bien, on en parle peu (que ce soit sur le petit ou grand écran). Passer sous silence une chose aussi naturelle, mais surtout, une généralité pour une très grande partie de la population mondiale, aide-t-il à mieux accepter le phénomène ? Nous n’en sommes pas certains.
D’autant plus que souvent, dans les films, téléfilms, ou séries, la femme qui a ses règles est souvent de mauvaise humeur ou passe du mauvais temps. L’effet chez le spectateur reste fréquemment le même : embarras, honte, gêne, stress, ridicule. Cela n’est jamais juste simplement banalisé, accepté. C’est toujours très péjoratif.
La représentation des règles dans les pubs :
Ah ! Les pubs et le cycle menstruel… Une grande histoire d’amour ! À tel point que si on remonte un petit peu dans le temps, dans les années 1960, on apprend qu’aux États-Unis, les pubs autour des protections menstruelles sont prohibées à la télévision. Cette mesure est levée 12 ans après, en 1972, mais le mot “règle” n’est toujours pas prononcé.
En France, au même moment, aucune pub n’est mise en avant sur le sujet. Un silence qui fait se demander si les règles existent vraiment ou si c’était une simple invention collective.
Depuis quelques années, les règles et leurs protections sont enfin sujettes aux pubs. Cependant, elles sont toujours aussi taboues. En effet, la représentation des règles dans les pubs est scandaleuse. La vision d’un sang bleu n’est en aucun cas un pas vers la normalisation.
De plus, leur vie semble toujours très simple pendant la période des règles (elles sont enjouées, sportives, heureuses, n’ont jamais de crampes, jamais de fuites, elles ne s’énervent ou ne pleurent jamais, leur tampon ne leur fait pas du tout mal,…). Et bien que cela commence à changer, ce sont souvent les mêmes profils de femmes actives, blanches, hétérosexuelles et minces qui sont mises en avant sur l’écran. Et ça, c’est énervant.
La représentation des règles sur les réseaux sociaux :
De plus en plus de personnes, associations ou marques essayent d’en parler afin de briser le tabou des règles. Cependant, la sensibilité de certaines personnes, lorsque cela devient trop explicite, est heurtée. La publication, massivement signalée, peut rapidement être supprimée.
La Minette, comme beaucoup d’ailleurs, pense que le problème vient des réseaux sociaux. Ils alimentent LA (l’unique) version de la femme parfaite. Celle qui n’a ni poil, ni vergetures, ni “kilos en trop”, et surtout, ni règles. Vous savez, celle qui a la peau parfaite, les hanches bien dessinées, des abdos mais pas trop…
Toutefois, ces mêmes réseaux sociaux sont aussi à l’origine de changement pour la condition féminine. De plus en plus de personnes prennent la parole et n’hésitent pas à être totalement transparentes. Aussi, certains dispositifs comme la journée mondiale de l’hygiène menstruelle permettent de diffuser un message fort et de faire entendre le plus de personnes possibles.
Il existe aussi des applications comme Clue, qui permettent de suivre son cycle menstruel (très pratique pour mieux suivre son cycle après ses premières règles et comprendre les maux de tête et le mal de ventre soudain).